Photo barrière de Corail - L'heure du choix
Environnement

Climat et biodiversité quel rapport ?

Réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité, rapport du GIEC, Accord de Paris … la liste de tous ces groupes nominaux s’allonge ! Nous en entendons parler presque tous les jours dans la plus grande confusion et parfois indifférence.

Cette confusion ne serait-elle pas ce « bon sang de grain de sable » qui empêche nos esprits pourtant brillants de comprendre les enjeux de ce qui passe là, sous nos yeux, aujourd’hui ?

Si tel est le cas je vais particulièrement m’appliquer à expliquer ce qui les rassemble. Je débuterai par le lien de cause à effet qui existe entre climat et biodiversité.

Un changement climatique anthropique

Comme toute histoire je commencerai par : « il était une fois », l’Europe du 18ème siècle à ce moment précis où la société à dominante agraire et artisanale bascule vers une société commerciale et industrielle.

L’avènement du chemin de fer avec l’apparition de la première locomotive à vapeur dès 1804 transforme définitivement l’économie, l’environnement, l’agriculture, la société et les Hommes.

Le 1er mai 1899, alors que le véhicule à essence le plus rapide roule à 60 kilomètres heure, la « Jamais Contente » dépasse les 105 km/h. C’est une voiture électrique et ça se passe à Achères (78). Le « hic », c’est que dès 1859 en Pennsylvanie, Edwin Drake fait creuser le premier puits de pétrole. Ce nouveau secteur va atteindre l’échelle industrielle aux Etats-Unis dès les années 1900…

En 160 ans nous avons extrait, raffiné et brûlé dans l’atmosphère la plus grande partie des ressources pétrolières que la Terre a mis 4 milliards d’année à constituer. Il est fort cet « homme qui sait qu’il sait » (homo sapiens sapiens). Pour mémoire, il faut 23 tonnes de matière organique pour obtenir, quelques millions d’années plus tard, un litre d’essence.

Si le prélèvement massif d’une ressource fossile n’avait pour conséquence que l’épuisement, à terme, de celle-ci, ce ne serait finalement pas si grave. Nous aurions juste à trouver d’autres types d’énergies : solaire, éolien, géothermie, marémotrice, hydraulique, pile à hydrogène et tout ce que nous inventerons après demain !

Malheureusement ce brûlage massif dans une société essentiellement carbonée accentue un phénomène par ailleurs naturel et cyclique : l’alternance de glaciations et de réchauffements de notre planète bleue.

Sauf que ces « cycles », comme le montre le tableau ci-dessous, s’étalent sur des périodes de plusieurs millions d’années et non pas sur 200 ans (1850-2050), c’est là tout le problème !

PALEOMAP Project

La Terre peut-elle s’adapter au rythme que nous lui imposons ?

En clair, la vitesse actuelle du changement climatique est-elle compatible avec la capacité d’adaptation de la planète aussi généreuse soit-elle ? Éclairons-le propos de quelques faits pris au hasard dans l’histoire de la Vie :

Les poissons auraient quitté l’eau plus de 30 fois au cours de l’évolution, d’après une étude australienne de 2016. Les « sauts » des poissons sur la terre sont survenus environ 200 millions d’années avant notre ère avant que le poisson ne se mette finalement à marcher !

Publiée dans la revue Current Biology en 2014, une étude explique comment nos oiseaux d’aujourd’hui ont pour ancêtres des … sauriens géants, des dinosaures ! Hallucinant, certes, mais il aura fallu pour cela plus de 600 millions d’années….

Notre incompréhension de la situation viendrait donc d’un phénomène d’échelle. Nous avons, excusez-moi du peu, six zéro d’écart avec la réalité possible ; 200 ans versus 200 000 000 d’années !

Le rôle de la biodiversité dans la séquestration du carbone et des GES

La biodiversité joue depuis le premier jour un rôle majeur dans la capacité de séquestration du carbone et des gaz à effet de serre dont l’énorme quantité émise est la cause incontesté d’un réchauffement « trop rapide » de notre planète.

Il faut savoir que Dame Nature reste extrêmement active malgré nos excès ; 93 % du réchauffement est absorbé par les océans et seulement 3 % par nos continents ! Le restant se répartit entre glaces et atmosphère. Cependant, le rôle joué par les océans entraîne une acidification des eaux avec des conséquences sur la production de calcite qui constitue les récifs coralliens (où naissent et grandissent les poissons), et sur l’exosquelette de la plupart des poissons que nous mangeons… L’acidité de l’eau a été multipliée par deux en un siècle !

Le climat a un impact sur la biodiversité

Mais il y a un autre lien, plus étroit encore entre climat et biodiversité. Notre planète bleue au sein du système solaire a fait éclore la Vie. Protégée par l’atmosphère terrestre, (couche de gaz et de particules absorbant les ultraviolets, isolant la surface et évitant le réchauffement), la biosphère (ensemble des espaces terrestres et marins aptes à recevoir le Vie) a pu se développer et faire évoluer toutes les formes de vie que nous connaissons (fossiles ou actuelles). Quand le climat varie (dans l’atmosphère) la biodiversité varie (sur la biosphère).

Les taux de variations semblent parfois bien ridicules, 1,5 voire 2 degrés… De quoi parle-t-on ? Ne coupe-t-on pas les cheveux en quatre ? Vous allez voir que non.

La Vie est-elle en péril ?

Pour comprendre la dangerosité de ces 2 petits degrés, il faut avoir été confronté à la fièvre d’un nourrisson au moment où le thermomètre affiche 40°C et que l’on prépare en urgence un bain pour éviter à tout prix de monter à 42 ! Et puisque nous parlons « bébé » remontons à la source si je peux m’exprimer ainsi…

Les spermatozoïdes sont fabriqués et stockés là où la température du corps est la plus basse (34,5 °C). Une condition sine qua non à leur bon développement car si les testicules se trouvaient à l’intérieur même du corps, la température corporelle (entre 36,5 et 37,2 °C) serait trop élevée pour la formation des spermatogonies, les cellules qui vont se transformer en spermatozoïdes. Deux degrés ! Juste la différence entre donner la Vie ou ne pas la donner…

Il y a encore tant à dire sur la biodiversité à laquelle nous appartenons et sur sa dépendance irréfutable avec l’évolution du climat. Retenons cependant qu’en plus de l’ours blanc, l’abeille et quelques milliers d’autres espèces en voie de disparition il y en a une qui nous tient à cœur, celle à laquelle nous appartenons ; l’Homme !

Mais surtout n’abdiquons pas, ne nous résignons pas, nous pouvons encore changer le cours de l’histoire de l’Humanité. Nous avons les moyens de choisir notre avenir proche mais n’oublions pas que, aujourd’hui, plus que jamais, c’est l’heure du choix.

1 Comment

  1. Sincèrement Patrick tu me bouleverses avec tes écrits Tellement Responsables et documentés . Mon bon Sens m’invite à te lire + souvent et surtout à m’engager encore + sur ce Grand Chemin de l’ecologie en gle et du climat en Particulier . Encore Un Grand Merci Patrick pour tes Valeurs morales et tes actions positives …
    Amicalement, Gil.

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