Il me semble important d’aborder avec vous ce que l’agroécologie apporte au monde de l’agriculture dont nous dépendons tous au quotidien. Comme vous, sans doute, mon estomac réclame sa part de nourriture deux a trois fois par jour et ce phénomène ne semble pas pouvoir s’interrompre de si tôt… !
L’agronomie versus l’agroécologie
L’agronomie est une science visant à comprendre les mécanismes en jeu en agriculture et à les améliorer. Apparue à la fin du 18ème, l’agronomie désigne tout a la fois l’étude des lois qui régissent les phénomènes naturels, ainsi que les règles que les agriculteurs mettent en oeuvre pour améliorer leurs productions.
L’agroécologie quand a elle est une science qui se fixe de comprendre et connaitre les sols et leurs terres dans leurs rapport à l’agriculture. Cela inclut la pédologie ou étude des sols, de leur formation et de leur évolution.
Pour être plus clair encore je vais vous expliquer ce que j’ai répondu à l’animateur, Valo, à la fin du stage sur le potager agroécologique en Ardèche, sur les terres de Pierre Rabhi. A la question qu’avez vous retenu de ce stage j’ai répondu que j’étais venu pour comprendre comment avoir de plus beaux légumes dans mon petit jardin de banlieue et que je repartais avec l’agréable sensation d’avoir appris comment soigner et faire vivre ma Terre. Sans le savoir je venais de passer de l’agronomie a l’agroécologie.
Agroécologie : pour une agriculture durable
Si je vous parle de cela c’est qu’il s’agit d’une véritable révolution dans la manière d’aborder la production agricole. Plutôt que d’inventer de nouveaux engrais pour faire grossir les tomates dans un sol ravagés qui n’est plus qu’un substrat sans vie, l’agrologie s’intéresse à ce dont le sol a besoin pour être vivant, avec sa micro faune et sa microflore, ses bactéries, ses champignons, etc. L’agrologie en s’intéressant aux sols fait la démonstration qu’il n’y a pas de choix a faire entre la productivité, la qualité et la durabilité du champs. Elle apporte toute la connaissance nécessaire pour éradiquer la chimie de nos terres sans dommage pour le revenu de l’agriculteur. Elle garantie que nos enfants pourront produire sur les mêmes terres la nourriture dont ils auront besoin, eux aussi deux a trois fois par jour…
Mais l’agrologie bouscule des siècles de pratiques à commencer par le labour que nous pratiquons depuis des milliers d’années. Pour préserver l’humus et les substances qui nourrissent les plants il ne faut pas retourner la terre profondément mais juste l’aérer en surface. Si vous aviez dit cela à votre grand-père vous l’auriez mit dans une colère noire j’en suis sûr. L’agrologie s’appuie sur la sélection massale, qui consiste à replanter des plants issus de la même terre, cela inclus l’utilisation de graines libres et reproductibles et non pas stériles comme celles que cinq semenciers mondiaux vendent tous les ans aux agriculteurs du Monde, quand ceux-ci ont encore les moyens d’en acheter… (Réf Semences sans frontières, Kokopelli).
L’agroécologie s’appuie également sur la lutte biologique en regardant comment dans la nature les plantes se défendent. Le semis direct sous couvert est la troisième mamelle de l’agroécologie et consiste à planter de l’engrais vert en même temps que l’on moissonne un champs afin que la terre ne soit jamais à nu et que la masse végétale une fois coupée enrichisse le sol tout en le protégeant des mauvaises herbes. Enfin l’agroécologie utilise les amendements, c’est a dire l’apport de matériaux naturels pour enrichir le sol, le plus aboutit étant le compost mais il y a également le BRF (bois raméal fragmenté) et toutes les matières vivantes en capacité de se décomposer et de rendre a la terre ce qui leur a permis de se développer.
Comme se traduit l’agrologie au quotidien ?
Plus concrètement en octobre j’ai coupé quelques branches, j’ai tondu le gazon, j’ai ramassé les feuilles mortes. J’ai déposé sur mon carré potager les feuilles, puis le gazon puis les bois coupés dans le broyeur puis j’ai remis des feuilles mortes et enfin la dernière tonte de l’année et l’automne et l’hiver sont passés sur ces couches superposées. Ce matin j’ai fait un petit trou dans les 5 cms qui restent des 40 cms de départ et j’ai trouvé des dizaines de vers de terre qui gesticulaient joyeusement…. La terre qui vit, c’est beau et plein de promesse pour mes futurs semis.
Si vous avez des remarques ou des témoignages sur vos expériences agroécologiques, merci de les partager. Seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin… Humiquement vôtre ! Patrick